Nous devons passer des idées à l’action pour que la mondialisation profite à tous, assure le chef de l’ONU

Gabon Matin

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a présenté lundi les grandes lignes de « Notre programme commun » devant l’Assemblée générale, et annoncé qu’il déclinerait au cours de l’année 11 priorités, incluant un renouveau du maintien de la paix, une réforme de la finance internationale et un renforcement de l’expertise de l’ONU, afin de réussir les Objectifs de développement durable (ODD) et adapter la communauté internationale aux défis à venir.

Auteur : Gabon Matin
© 2023 D.R./GabonTime

Nous devons passer des idées à l’action pour que la mondialisation profite à tous, assure le chef de l’ONU

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a présenté lundi les grandes lignes de « Notre programme commun » devant l’Assemblée générale, et annoncé qu’il déclinerait au cours de l’année 11 priorités, incluant un renouveau du maintien de la paix, une réforme de la finance internationale et un renforcement de l’expertise de l’ONU, afin de réussir les Objectifs de développement durable (ODD) et adapter la communauté internationale aux défis à venir.

Le chef de l’ONU s’est félicité des importants progrès accomplis par l’ONU et ses Etats membres au cours des dix-huit mois qui se sont écoulés depuis la publication du rapport sur « Notre programme commun ».

Il a cité particulièrement l’avancée sur les pertes et les dommages climatiques, la reconnaissance du droit à un environnement propre, sain et durable, le Sommet sur la transformation de l’éducation, l’Accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale, et la création d’un Bureau des Nations Unies pour la jeunesse comme autant d’étapes importantes.

Aller plus loin et plus profondément

« Mais ce n’est clairement qu’un début. Nous devons aller plus loin et plus profondément  », a-t-il tempéré, notant que sur le climat, les conflits, les inégalités, l’insécurité alimentaire, les armes nucléaires – « nous sommes dans une situation plus instable que jamais  ». « Et nos mécanismes collectifs de résolution de problèmes, les formes actuelles de gouvernance multilatérales, conçues pour une époque révolue, ne sont manifestement pas adaptées au monde complexe, interconnecté, en mutation rapide et dangereuse d’aujourd’hui ».

D’où l’urgence de faire passer les recommandations de « Notre programme commun », « des idées à l’action – de l’abstrait au concret, afin de dynamiser le Programme 2030 et muer les objectifs de développement durable en une réalité dans la vie des gens partout dans le monde  ».

Misant sur le Sommet des ODD en septembre comme une source de progrès tangibles et d’ « un engagement des Etats membres pour sauver les ODD » par de claires visions nationales, le chef de l’ONU a rappelé que le Sommet devra reconnaître les changements profonds nécessaires, hiérarchiser et mobiliser les investissements, inclure des mesures visant à garantir que les systèmes internationaux relatifs à la finance, au commerce, à la dette et à la technologie fonctionnent pour les pays en développement – «  et non contre eux  ».

Il a par ailleurs réitéré son appel au pays du G20 d’une relance mondiale des ODD d’au moins 500 milliards de dollars par an pour soutenir les pays du Sud, d’ici le Sommet sur les ODD.

Pour sa part, António Guterres a annoncé qu’il présentera une série de 11 notes d’orientation, toutes liées aux ODD et issues des consultations thématiques effectuées en 2022.

Une approche globale de la consolidation de la paix

La première note présentera un Nouvel Agenda pour la paix adapté à une nouvelle ère de concurrence géopolitique. Il définira une approche globale de la prévention et de la consolidation de la paix, reliant la paix, le développement durable, l’action climatique et les droits de l’homme, en s’appuyant sur les approches et l’expertise des femmes et des jeunes.

Les notes reconnaîtront, prévient-il, la nécessité d’une nouvelle génération de missions d’imposition de la paix et d’opérations antiterroristes, dirigées par des forces régionales comme l’Union africaine, dotées d’un financement garanti et prévisible. Elles comprendront aussi des propositions visant à ramener le désarmement et le contrôle des armements au centre du débat sur la paix et la sécurité, et à faire face aux menaces des technologies émergentes, y compris l’intelligence artificielle et la cyberguerre.

Revoir la finance et l’approche des défis économiques

La finance sera aussi à l’ordre du jour pour « une économie mondiale plus juste et plus efficace  ».

Selon le chef de l’ONU, les propositions viseront à mettre en place des indicateurs qui vont au-delà du produit intérieur brut, « de sorte que les décisions relatives à l’allégement de la dette, au financement concessionnel et à la coopération internationale tiennent compte de la vulnérabilité, du bien-être, de la durabilité et d’autres mesures vitales du progrès ». Elles intègreront des contributions à la société trop négligées, comme celle de l’économie de soins, et dénonceront les pratiques néfastes comme la surpêche ou la déforestation.

La seconde note proposera des réformes radicales de l’architecture financière mondiale « pour que la mondialisation profite à tous », comprenant le renforcement de la voix des pays du Sud dans la gouvernance financière, un filet de sécurité financière mondial et une architecture de la dette permettant aux pays à revenu intermédiaire vulnérables d’alléger et de restructurer la dette, ainsi que l’alignement des objectifs du système financier sur les ODD.

Le chef de l’ONU propose aussi de changer le modèle économique des banques multilatérales de développement afin qu’elles assument davantage de risques et puissent mobiliser massivement des fonds privés pour aider les pays en développement à accélérer la transition vers les énergies renouvelables et à investir dans les ODD.

Le Secrétaire général proposera aussi, à titre d’engagement envers les besoins des générations futures, la nomination d’un envoyé qui sera « leur voix mondiale  » et contribuera à une déclaration politique définissant nos devoirs envers l’avenir, et à un forum intergouvernemental dédié.

Une note d’orientation sur l’amélioration de la réponse internationale aux chocs mondiaux complexes comprendra des propositions visant à réunir et à coordonner rapidement dans une réponse cohérente les principaux acteurs en cas d’urgence, avec un accès aux données, aux compétences, aux ressources et aux capacités appropriées, sans pour cela créer de nouvelles institutions.

Un pacte numérique mondial

Le Secrétaire général a annoncé aussi une prochaine note d’information sur la coopération numérique, et sur un Pacte numérique mondial qui visera à progresser vers une vision de la technologie en tant que moteur du progrès humain, mais abordera nécessairement le problème de l’intégrité de l’information, alors que la « désinformation impacte les progrès sur les questions mondiales, y compris la crise climatique ».

António Guterres a évoqué aussi un mémorandum sur l’utilisation pacifique, sûre et durable des biens et activités dans l’espace qui examinera leur apport aux succès des ODD et de l’Accord de Paris sur le climat ; et à la lutte contre les menaces et les risques émergents. Tout en offrant des recommandations pour une meilleure gouvernance de l’espace, l’exploration spatiale, et la préservation de la paix.

Placer l’éducation en tête des programmes politiques

Le chef de l’ONU entend aussi placer l’éducation en tête des programmes politiques au niveaux national, régional et mondial, et à accélérer la transformation de son financement. Ses propositions couvriront six domaines clés : l’objectif de l’éducation, l’environnement d’apprentissage, la profession enseignante, la maîtrise de la transformation numérique, l’investissement dans l’éducation, et le soutien multilatéral à une éducation de qualité pour tous.

Une autre note encouragera une participation plus systématique des jeunes aux processus de prise de décisions au niveau mondial, y compris à l’ONU dans les préparatifs des décisions de l’Assemblée générale, du Conseil économique et social et du Conseil de sécurité.

Renforcer l’expertise de l’ONU face aux nouveaux défis technologiques

De plus, il s’engage à examiner comment renforcer les capacités des Nations Unies pour le XXIe siècle – et construire une ONU 2.0, en renforçant l’expertise de l’Organisation dans les données, le numérique, l’innovation, la prospective et les sciences du comportement « afin de construire un système des Nations Unies qui peut mieux soutenir les États membres dans les années à venir  ».

António Guterres a dit attendre beaucoup du Sommet de l’avenir prévu pour 2024. Ce Sommet s’harmonise avec « Notre programme commun » qui vise à triompher des obstacles et des entraves au Programme 2030. Il offrira, selon lui, une plateforme où nous pourrons « mettre en évidence les coûts d’une pensée à court terme et y remédier, créer des garde-fous autour de l’impact des nouvelles technologies » et aboutir, avec l’aide de la société civile, à un pacte pour l’avenir sur un système financier mondial équitable et juste, un engagement pour une planète sûre, pacifique et durable.

António Guterres a aussi insisté sur l’importance de l’Accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale, pour faire avancer des idées portant sur l’inclusion économique des femmes, la création d’emplois dans l’économie verte et l’économie numérique, les garanties-jeunes pour l’emploi et un fonds mondial pour la protection sociale.

Il a rappelé que l’Accélérateur a été approuvé par le G7 et le G20 et qu’un partenariat a été mis en place avec la Banque mondiale afin d’étendre la protection sociale à un milliard de personnes d’ici 2025.

Abordant les préparatifs du Sommet social mondial de 2025, consacré aux principaux défis sociaux en matière d’emploi, d’éducation, de logement et de protection sociale, il a préconisé une nouvelle forme de délibération globale, fondée sur l’inclusion, la confiance et l’écoute, axée sur la lutte contre les inégalités et la promotion de l’esprit d’initiative, des chances et des droits des personnes.

« C’est là un programme de travail particulièrement fourni », a-t-il reconnu. « Mais il est essentiel pour atteindre les Objectifs de développement durable et assurer notre avenir collecti f ».

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