Il faut mettre fin aux récits alarmistes sur la croissance démographique, selon l’UNFPA
Le corps des femmes ne doit pas être tenu captif des politiques gouvernementales ou des récits alarmistes concernant la croissance démographique, a déclaré l’agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et reproductive (UNFPA) dans un nouveau rapport publié mercredi.
Le corps des femmes ne doit pas être tenu captif des politiques gouvernementales ou des récits alarmistes concernant la croissance démographique, a déclaré l’agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et reproductive (UNFPA) dans un nouveau rapport publié mercredi.
Dans son rapport 2023 sur l’Etat de la population mondiale, l’ UNFPA déclare que si le fait d’avoir atteint le cap des huit milliards d’habitants sur Terre rappelle « nos progrès sans précédent », les inquiétudes suscitées par ce chiffre sont « source d’anxiété et poussent davantage de gouvernements à tenter d’influencer les taux de fécondité ».
Toutefois, ces initiatives s’avèrent très souvent inefficaces et peuvent porter atteinte aux droits des femmes.
Le rapport intitulé Huit milliards d’humains, une infinité de possibilités : Défendre les droits et la liberté de choix note que des sociétés prospères et inclusives peuvent être construites, quelle que soit la taille de la population, si les pays sont prêts à repenser radicalement la façon dont nous parlons et planifions le changement de population.
« La relation entre l’autonomie reproductive et une vie plus saine est une vérité incontestée », a déclaré la Directrice exécutive de l’UNFPA, Natalia Kanem, dans son avant-propos au rapport.
L’autonomisation porte ses fruits
« Lorsque les femmes sont habilitées à faire des choix concernant leur corps et leur vie, elles prospèrent, ainsi que leur famille et leur société », a souligné Mme Kanem.
Toutefois, ce n’est pas le message qui a été le plus souvent reçu à l’annonce du franchissement de la barre des huit milliards en novembre dernier. « Au lieu de cela, de nombreux titres ont mis en garde contre un monde qui vacillait vers la surpopulation », laissant les droits et le potentiel des individus « s’effacer trop facilement à l’arrière-plan »
« Encore et encore, nous voyons les taux de natalité identifiés comme un problème - et une solution - avec peu de reconnaissance de l’action des personnes qui accouchent », a ajouté la cheffe de l’UNFPA.
Exposer les faits
Les principales statistiques démontrent clairement le manque d’autonomie dont souffrent des millions de femmes dans le monde. Environ 24% des femmes et des jeunes filles sont incapables de refuser un rapport sexuel, tandis que 11% d’entre elles ne sont pas en mesure de prendre des décisions en matière de contraception.
Une enquête menée dans huit pays indique que les personnes ayant été exposées à des contenus médiatiques ou à des conversations au sujet de la population mondiale étaient plus susceptibles de la trouver trop nombreuse.
Les données démographiques brossent un tableau plus nuancé, selon l’UNFPA. Les deux tiers de la population vivent aujourd’hui dans des « contextes de faible fécondité », tandis que huit pays seulement représenteront la moitié de la croissance démographique prévue d’ici à 2050.
Trop souvent, les objectifs reproductifs des individus sont contrariés par des grossesses non planifiées, le manque d’accès à la contraception ou à des soins obstétriques de qualité, l’infertilité et l’instabilité économique, a déclaré l’UNFPA.
En outre, blâmer les taux de fécondité pour le changement climatique ne permettra absolument pas de responsabiliser les plus grands émetteurs de carbone. Sur 8 milliards d’individus, environ 5,5 milliards gagnent moins de 10 dollars par jour, une somme insuffisante pour contribuer de manière significative aux émissions de carbone.
L’égalité des sexes et l’autonomie corporelle sont essentielles
Selon l’UNFPA, la meilleure solution pour gérer les changements démographiques et construire des sociétés résilientes est de faire progresser l’égalité des sexes.
Ce faisant, « c’est une solution souvent négligée », a déclaré Mme Kanem. « Dans les pays vieillissants à faible taux de fécondité, où la productivité de la main-d’œuvre pose problème, la parité hommes-femmes au sein de la population active est considérée comme le moyen le plus efficace d’améliorer la productivité et la croissance des revenus ».
« Dans les pays à forte fécondité, l’autonomisation par l’éducation et la planification familiale est connue pour produire d’énormes dividendes sous la forme de croissance économique et de développement du capital humain », a-t-elle ajouté.
La cheffe de l’UNFPA a estimé que c’était la principale raison pour laquelle l’agence appelait à « des efforts accrus pour réaliser l’autonomie corporelle » et soutenir la santé et les droits sexuels et reproductifs pour tous. Ce droit « devrait être le point de départ de toutes les conversations sur la population ».
Prescription politique
Le rapport recommande vivement aux gouvernements d’adopter des politiques centrées sur l’égalité des genres et les droits, notamment des programmes de congé parental, des crédits d’impôt pour les personnes ayant des enfants, des mesures favorisant l’égalité des genres sur le lieu de travail ainsi que l’accès universel à la santé et aux droits en matière de sexualité et de procréation.
Cette approche, qui a déjà fait ses preuves, engendrera des retombées économiques positives et permettra de bâtir des sociétés résilientes, capables de prospérer indépendamment des tendances démographiques.
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