Centrafrique : la multiplication des attaques des groupes armés entretient un climat d’insécurité

Gabon Matin

La multiplication des attaques par des groupes armés, notamment la Coalition des patriotes pour le changement, entretient un climat d’insécurité en République centrafricaine, a mis en garde mardi un expert indépendant des Nations Unies.

Auteur : Gabon Matin
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Centrafrique : la multiplication des attaques des groupes armés entretient un climat d’insécurité

La multiplication des attaques par des groupes armés, notamment la Coalition des patriotes pour le changement, entretient un climat d’insécurité en République centrafricaine, a mis en garde mardi un expert indépendant des Nations Unies.

Devant le Conseil des droits de l’homme, l’Expert indépendant de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans ce pays d’Afrique centrale a indiqué que durant la période considérée par son rapport, le contexte sécuritaire est resté « tendu ».

La majeure partie des attaques ont visé les bases des Forces armées centrafricaines et leurs alliés, comme le démontrent l’attaque du poste de douane de Beloko, le 21 janvier 2023, celle des positions de l’armée à Besson, dans la préfecture de Nana-Mambéré, le 24 janvier 2023, celle de Sikikédé, le 14 février 2023, et celle de Tiringoulou, dans la préfecture de Vakaga, le 5 mai 2023.

Face à la multiplication de ces attaques par des groupes armés, les populations civiles souffrent de l’insécurité persistante, qui les empêche de mener leurs activités quotidiennes.

« Les attaques directes des groupes armés sur les populations, perpétrées dans les villages, les sites miniers, les champs et sur les routes ont un impact sur l’activité économique des populations et engendrent des violations graves des droits de l’homme », a affirmé Yao Agbetse.

Populations contraintes de laisser leurs champs et leurs biens

Selon l’expert, les populations locales sont contraintes de laisser leurs champs, leurs biens et leurs activités génératrices de revenus pour se réfugier en lieu sûr, par peur d’être attaquées, violées, enlevées ou tuées. Et l’arrivée de la saison sèche a exacerbé le climat d’insécurité avec des activités d’extorsions de fonds et de biens, de vols et d’intimidations visant les commerçants.

Une situation qui rappelle l’incident noté en septembre 2022 quand des combattants du Groupe Retour, Réclamation et Réhabilitation (3R) ont attaqué et dévalisé quatre commerçants dans la préfecture de l’Ouham, emportant leurs biens et une importante somme d’argent, tandis que des combattants anti-balaka ont extorqué une communauté peule située dans la préfecture de Haute-Kotto. Or une telle insécurité limite également le processus de restauration de l’autorité de l’État.

« Les infrastructures administratives, commerciales, scolaires, sanitaires et sportives détruites ou délabrées ne peuvent pas faire l’objet de reconstruction ou de réhabilitation, ce qui prive les populations des régions concernées des services sociaux de base et des mécanismes de police et de justice », a fait valoir M. Agbetse.

Sur le plan humanitaire, l’expert a relevé trois défis majeurs. Il s’agit dans un premier temps du conflit au Soudan, qui a engendré le déplacement de près de 19.000 personnes dont 4.700 rapatriés centrafricains.

« Le 14 août, j’ai eu des entretiens avec des habitants de Birao qui sont très inquiets de la fin prochaine de la saison des pluies et des attaques des groupes armés qui restent actifs entre la RCA et le Soudan », a-t-il dit.

L’impact humanitaire de la crise au Soudan

Au Tchad voisin justement, l’insécurité a entrainé un afflux de réfugiés dans la sous-préfecture de Paoua, les préfectures de la Lim-Pendé, Markounda, Ouham dans le nord-ouest de la RCA. A la fin du mois de septembre, les autorités ont recensé plus de 37.000 personnes dont plus de 5.600 rapatriés centrafricains.

Selon l’ONU, la majorité de ces réfugiés et demandeurs d’asile sont hébergés par des familles d’accueil et le reste sur site. «  Leurs conditions de vie dégradées accroissent leur vulnérabilité », a détaillé l’expert.

Plus largement, ces deux crises humanitaires ont des répercussions socio-économiques sur la vie des populations. La rareté des denrées alimentaires a entraîné une forte augmentation des prix de produits de nécessité vitale étant donné que le Soudan et le Tchad n’approvisionnent plus les localités frontalières de la RCA.

Selon M. Agbetse, un sac de sucre de 50 kg, qui coûtait jadis 40.000 francs CFA, est vendu aujourd’hui à 80.000 francs CFA à Birao.

Plus de la moitié de la population a besoin d’une assistance humanitaire. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU ( OCHA ), la communauté humanitaire en RCA planifie d’assister cette année 2,4 millions de personnes les plus vulnérables. Avec 50% de la population qui ne mangent pas à leur faim, la République centrafricaine compte l’une des plus grandes proportions de personnes en situation d’insécurité alimentaire critique dans le monde, estime OCHA .

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